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Fin

Le soleil se réveille. Une nouvelle journée commence pour Bastien, une nouvelle journée de doutes, d’attentes et d’ennui. Une journée comme toutes les autres. Et si aujourd'hui était différent ? On ne sait jamais ce qui peut se passer jusqu’à la tombée de la nuit. Le crépuscule peut marquer le début d’une ère nouvelle, exceptionnelle. Le début du paradis. Le début de l’enfer. Mais où est la frontière ?

Bastien se lève. Que faire ? Les mêmes gestes que d’habitude : surtout ne pas changer. Vivre continuellement. Ne pas s’arrêter. Vivre. Survivre. Pour aller où ? Au bout de la vie ? Au bout de la nuit ? Une lumière dans le brouillard, insaisissable. On ignore où elle nous mène. Dans le vide de son existence, Bastien se laisse guider. Sans raison. Sans question. Résignation. La révolte qui gronde, dans le feu de son cœur, dans le fond de sa peur, est étouffée par le regard féroce de la société. Rien. Le néant. Le destin.

Que penser de ce monde étrange et mystérieux ? Il faudrait le connaître avant de disparaître. Dans la matinée, ce Bastien, des milliers, vont accomplir la répétition monotone des actes quotidiens. La vie. L’ennui. On ne sort pas de ce cercle vicieux, car un étau cruel nous presse de tous côtés. La roue tourne sans nous laisser le temps de nous relever. Univers sauvage, féroce et implacable, dont la haine nous traîne dans la boue et la misère, tu ris de nous, tu nous rends fous. Tu fais ce que tu veux. Tu t’amuses. Tu règnes. Tu saignes.

Bastien t’échappe. Les liens se desserrent autour de lui, il te glisse entre les doigts comme une anguille. Du savon. Mais que savons-nous ? Comme du sable fin. Le temps. L’argent. Nous ne savons rien. Qu’espères-tu petit enfant qui pleure ? La vie qui t’attend vaut la peine qu’on la quitte. Fuis de toutes tes pauvres forces, s’il te reste encore un semblant de liberté. Après ce sera trop tard. Tout ne sera que noir. Poussière de bonheur, qu’on éparpille au vent, si fine et si fragile, si belle et inutile. Rassemble ton courage, toute ta lâcheté, et plonge dans le sombre océan de l’inconnu. Quand tu reviendras, tu me raconteras. Mais ne reviens pas, petit enfant roi, je te le demande, demeure là-bas !

Ici ce n’est que traîtrise, illusions et apparences. Cyniques, subtiles, trompeuses ou menteuses, on a le choix. Mais de quoi ? De le suivre ? De survivre ? Il est parti si loin qu’on ne le voit plus. On ne pense plus. Adieu Bastien, je t’aimais bien.

Imaginé par Némésia dans la rubrique Bastien