Lancée voici quelques temps déjà par l'évêque de Fréjus-Toulon et par le responsable de la commission bioéthique de l'observatoire sociopolitique de ce même diocèse, la controverse sur le Téléthon enfle et ne cesse de prendre de l'ampleur. Vous pouvez par exemple vous faire une idée des différents points de vue des uns et des autres en allant voir ici, là ou ailleurs. Info ou intox ? Je m'en veux un peu d'y participer en écrivant cet article, mais il fallait que je m'exprime car j'en avais assez de m'indigner toute seule devant mon écran de télévision ou d'ordinateur.

Non mais franchement, dans quelle scoiété vit-on ? On parle de meurtre et d'eugénisme comme si c'était monnaie courante et une pratique complètement immorale. An nom de la religion qui plus est ! Encore une fois, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer, me révolter ou me cacher. Oui, je suis catholique (légèrement) pratiquante, et parfois j'en ai honte.

Je suis véritablement énervée quand je vois des gens de bonne foi, que je respecte en tant que guides spirituels, abuser de leur pouvoir et de leur autorité sur toute une partie de la population pour faire passer leurs opinions personnelles en tant que dogme officiel. Au nom d'une interprétation douteuse des principes sur lesquels devrait se baser la foi chrétienne, et d'une interprétation encore plus embrouillée des agissements actuels de certaines sociétés comme l'AFM à propos des recherches scientifiques, certaines personnes appellent (plus ou moins indirectement) au boycott du Téléthon. Même si le terme précis de "boycott" n'est pas prononcé, même si les démentis viennent le contrer, la pensée y est et le bouche-à-oreille est lancé. Qu'on s'étonne après ça que les anti-cathos parlent d'obscurantisme et d'étroitesse d'esprit ! Je ne peux que les comprendre, à défaut de les approuver.

Certes, l'avortement est condamné par l'Eglise et par les différents papes successifs (bref, passons, ce n'est pas là le sujet). Certes, l'eugénisme n'est pas davantage toléré et constitue une grave dérive de la société. Certes, le tri d'embryon, pour quelque raison que ce soit, relève de ces deux interdits à la fois et s'oppose donc radicalement aux traditions chrétiennes. Je peux comprendre ces arguments. Mais où mène ce genre de syllogisme fallacieux et de discours trompeur ? Quelle en est la conclusion logique, l'application cohérente ? Il faut voir l'aboutissement de ce système avant de le porter aux nues.
          Je suis également d'accord pour dire qu'un enfant, s'il a le choix (ce qui bien sûr n'arrive jamais, mais je parle dans l'absolu), décidera certainement de vivre quoi qu'il arrive, malgré toutes les maladies que l'on peut lui promettre, et qu'il en va de même des parents, qui peuvent se sentir assez forts pour élever leur enfant envers et contre tout. J'ai conscience que le fait de commander des embryons à la demande est un grave danger de notre société qu'il nous faut absolument éviter, cela ne fait aucun doute. Mais à part ça ? D'un point de vue religieux ? et, plus important encore, d'un point de vue humain ? Que se passe-t-il exactement ?

Que se passe-t-il pour tous ces parents (car il y en a, j'en suis persuadée) qui préféreraient ne pas avoir d'enfant plutôt que d'avoir un enfant malade ? Pour tous ces enfants qui préféreraient ne pas vivre du tout plutôt que de vivre comme ça ? Je me rends compte que ces mots sont durs, et j'en tremble moi-même en les écrivant. Cette pensée est peut-être trop radicale, mais posez-vous néanmoins cette question : qui doit répondre à ces questions ? choisir qui doit vivre ou mourir ? Car finalement, c'est bien de cela que l'on parle. On ne parle même que de cela. Est-ce la société, l'Etat, l'Eglise qui doit choisir à la place de ces parents et de ces enfants concernés ? Pour des raisons d'éthique ou de politiquement correct ? Ou bien ce choix doit-il revenir, comme je le pense, aux parents eux-mêmes, qui sont après tout les premiers concernés et les plus touchés par les maladies de leurs enfants ? N'ont-ils pas d'autres raisons, bien meilleures que celles que voudraient leur imposer des insitutions extérieures, pour faire ce choix ? Des raisons d'humanité, de tracas quotidiens et de difficultés au jour le jour. Car ce sont bien eux qui supportent le plus tous les désagréments et les contraintes qu'induisent de telles maladies, tant d'un point de vue physique que moral.
            Est-ce vraiment une manière de les aider que de les condamner ainsi pour leur choix ? Sont-ils de mauvais parents pour autant s'ils ont osé privilégié un embryon sain à un embryon malade lors du DPI ? Convient-il de remettre en cause aujourd'hui ce qui est légal depuis plusieurs années, ce qui est tellement intime et personnel que l'on ne peut pas se mettre dans la tête des gens ni le comprendre avant de l'avoir vécu ? Quelle est la prochaine étape ? l'interdiction légale de l'avortement ?

Voilà, c'était mon coup de gueule du jour contre une Eglise que je comprends de moins en moins et qui me semble chaque jour plus éloignée de moi et du mode de vie actuelle des sociétés modernes. Je sais qu'une religion n'est pas un lot où l'on prend ce que l'on veut pour rejeter le reste à notre guise, mais je reste convaincue que les valeurs que défendent les catholiques doivent primer sur tout le reste et que les principes religieux de base doivent s'adapter à la contemporanéité pour défendre au mieux ces valeurs.